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© Cécile Guarino-Scailliérez pour Misc

La dreamhouse est indissociable pour nous des animaux de la campagne et surtout de “nos” petits chats…

À notre arrivée dans notre petite maison, nous avons eu la visite régulière d’un chat que nous avons surnommé Chat-Chien, parce qu’il nous suivait partout comme un petit chien, comportement assez insolite pour un chat ! Au début on le croyait perdu parce qu’il passait ses journées et ses nuits avec nous. Comme il était tatoué, on a appelé l’Icad (le fichier national d’identification) qui nous a appris qu’il était domicilié dans un petit village à une bonne dizaine de kilomètres de chez nous sans pour autant nous communiquer les coordonnées de son propriétaire. Alors on a continué à s’occuper de lui. On avait grand besoin de s’attacher à un animal, c’était évident.

Un jour on a croisé sa propriétaire, une ancienne parisienne installée depuis peu dans notre petit hameau. Chat-Chien était bien né dans le petit village à une dizaine de kilomètres mais il vivait ici maintenant et, comme tous les chats du coin, allait et venait à sa guise. Chat-Chien était encore tout jeune. Il a grandit depuis et est devenu de plus en plus indépendant. À l’ “adolescence”, son comportement a radicalement changé. Il ne venait nous voir que pour avoir des croquettes et refusait les câlins… Nous étions tristes mais résignés.

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Du jour où il a arrêté de venir, nous avons commencé à voir les petits (ils sont miniatures) chats de notre voisin Patrick. Ce ne sont pas vraiment “ses” chats à vrai dire. Disons que la “matrice”, Minette, était la chatte de sa maman, une dame âgée décédée il y a quelques années. Donc Minette était domestiquée mais sa descendance, pas du tout. Nous étions au printemps 2014. À part Minette, il était impossible d’approcher les autres, de vrais sauvages, une petite famille de wild cats !

Et puis, petit à petit, à force de les nourrir, ils se sont habitués à nous. On ne pouvait toujours pas les toucher mais ils passaient de plus en plus souvent toute la journée à dormir au soleil au pied de la maison. Il y avait Rouquemoute, la petite beauté rousse, une des filles de Minette, Super-Peureux, le fiston inapprochable, que même son ombre fait fuir et Petite Grise, l’autre fille de Minette.

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Petite-Grise était la plus surprenante de tous. On ne la voyait pas beaucoup. Elle était très méfiante mais sans la peur de Super-Peureux. Petite-Grise était clairement une dominante. À force de l’observer, j’ai compris qu’elle était sourde… complétement sourde. J’ai appris par la suite que c’est souvent le cas des chats blancs ou très clairs. Ça expliquait son comportement, pourquoi elle se mettait toujours dans les coins, dans des endroits où personne ne pouvait arriver sur elle par derrière.

L’été, deux petits chatons sont nés. On ne les a jamais vraiment baptisés. Peut-être par superstition parce qu’on ne savait pas si ils allaient vivre. On les a juste surnommés la Noire (par erreur parce qu’on a découvert que très récemment que c’est un garçon !) et le Marron. Ils tétaient Minette et on a découvert que très tard qu’en fait c’était Petite-Grise leur mère. Ils tétaient les deux, leur grand-mère et leur mère. Petit à petit, Petite-Grise s’est détachée d’eux pour les forcer à grandir. Le processus normal quoi. Minette (de loin la meilleure chasseuse de taupes et de souris du Morvan !) a fait leur éducation pour leur apprendre à se nourrir. On les a vu grandir. Ils étaient distants mais petit à petit, eux aussi se sont rapprochés. Une vraie petite famille avec ses petits rituels. Le matin, ils nous attendent sur le paillasson pour la pâtée du matin. Dans la journée, ils lézardent au soleil. Le soir ils jouent tous ensemble dans le champs.

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Et puis un jour, Petite-Grise est rentrée dans la maison et, pour la première fois, elle est montée sur le lit et s’y est endormie. J’étais super émue. Cette petite chatte sauvage, toujours sur le qui-vive, inapprochable tant qu’elle s’occupait des ses chatons, a commencé à nous faire confiance. Il fallait faire gaffe pour la caresser : présenter la main par devant, ne pas la surprendre. On se prenait des coups de griffes tout le temps. Elle “mettait la patte”. Pas facile la Petite-Grise mais hyper touchante et rigolote.

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Petit à petit tout cela a changé. Elle n’avait plus peur du tout, au contraire, elle a compris qu’on la protégeait. Elle était avec nous tout le temps. Elle a commencé à devenir comme Chat-Chien. Cet hiver, dans la maison complétement en chantier, elle se posait sur un tas de sable pour ne pas avoir trop froid et nous regardait bricoler toute la journée. C’était ma choupette, ma préférée, Ma Grise.

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© Cécile Guarino-Scailliérez pour Misc

Ses chats sont devenus pour nous aussi importants que l’environnement de la maison. Il nous est arrivé plus d’une fois de descendre passer le week-end parce qu’ils nous manquaient trop, parce que ça faisait longtemps qu’on avaient pas pu les nourrir. On  a même commencé à mettre de côté des idées pour leur construise des petites maisons à chats, c’est vous dire si on est gagas ! Cette hiver on a installé une chatière. Minette, Petite-Grise et les chatons ont pris l’habitude de dormir avec nous sur le lit.

Et puis un jour, à peine arrivée, j’ai tout de suite vu que Petite-Grise n’allait pas bien. J’ai pensé qu’elle s’était empoisonnée. En fait, elle avait un énorme abcès dans la gueule. Déjà microscopique, elle avait perdu beaucoup de poids. Le véto l’a vu, lui a prescrit des médicaments sans nous dire qu’on risquait de la perdre. On l’a ramené à Paris pour veiller sur elle. La deuxième nuit, le 18 février, elle a fait une détresse respiratoire. On l’a emmenée aux urgences vétérinaires de Maisons-Alfort où il a fallu prendre la décision affreuse d’abréger ses souffrances. Ils n’ont pas su poser de diagnostique non plus… On l’a ramenée à la campagne pour l’enterrer là où elle était née, sous un charme…

La nature a ses lois, dures et cruelles. Les agriculteurs nous racontent que parfois ils laissent le soir un veau un peu malade, à qui ils viennent de donner un traitement, et le retrouve mort le lendemain matin et que c’est dur, très dur. Le réel est tragique et il nous faut l’accepter, aussi injuste qu’il soit.

Rouquemoute et Super-Peureux étaient tout jeunes encore l’année dernière. Ils connaissent leurs premières chaleurs cette année. On se demande si Rouquemoute va nous faire des chatons cet été… On se demande si, quand on arrivera à l’approcher sans qu’elle se sauve, il faudra l’emmener chez le vétérinaire pour la faire stériliser… On se demande encore quelle est notre place dans toute cette nature sauvage magnifique…

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© Cécile Guarino-Scailliérez pour Misc