© Emery Walker Trust

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La Emery Walker’s House, l’intérieur Arts & Crafts le mieux préservé du Royaume-Uni.

Si comme moi vous aimez les expériences qui permettent de remonter le temps alors ce post va sans doute vous intéresser. Peut-être vous souvenez-vous que lors de mon dernier séjour à Londres, nous avions visité avec Benjamin la Morris Gallery, une maison dans laquelle William Morris, le pionnier du mouvement Arts & Crafts, vécut enfant.

Si la partie muséale était intéressante, j’étais cependant un peu restée sur ma faim. Mon souhait était surtout de visiter un intérieur décoré dans le style Arts & Crafts, « ce mouvement artistique réformateur dans les domaines de l’architecture, des arts décoratifs, de la peinture et de la sculpture, né en Angleterre dans les années 1860 et qui se développa durant les années 1880 à 1910, à la fin de l’époque victorienne. » comme le résume Wikipédia.

© Heritage of London Trust

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Une fois de plus, je n’étais pas complétement au clair avec ma nouvelle visite car, contrairement à ce que je pensais au départ, la Emery Walker’s House n’est ni une maison dans laquelle William Morris vécut, ni une maison qu’il décora. Cependant elle regorge d’effets personnels lui ayant appartenu et d’éléments décoratifs originaux signés Morris, Marshall, Faullner & Co, la société co-fondée en 1861 par Morris (qui prendra plus tard le nom de Morris & Co, toujours en activité de nos jours via la Style Library).

Le mouvement Arts & Crafts s’est développé en réaction à l’industrialisation massive du pays et en rejet des articles fabriqués en série. En plus de militer pour un nouvel ordre social, dans lequel le travailleur serait libéré des conditions de travail en usine, le mouvement voulait faire des foyers britanniques des œuvres d’art basées sur le travail artisanal et les savoir-faire traditionnels : matériaux authentiques, formes simples, motifs inspirés de la nature.

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Me voici donc, fin octobre, devant la Emery Walker House au 7 Hammersmith Terrace. Bien que s’élevant sur 4 étages, c’est une modeste demeure géorgienne construite en 1755 faisant partie d’un groupe de maisons avec jardins situées en bord de Tamise, dans ce qui, de nos jours, est un charmant quartier plutôt huppé de l’ouest de Londres.

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À l’ère victorienne, le quartier était alors plutôt peu avenant. Il était, comme on dirait de nos jours “bohème”, plein d’artistes, d’artisans et d’activistes sociaux en partie aimantés par William Morris qui s’y était installé en 1878, alors qu’il était déjà fort célèbre (il y vécut jusqu’à sa mort en 1896).

De nos jours, Kelmscott House, la maison de Morris, est une habitation privée qui ne se visite pas. Seul son sous-sol, occupé par la William Morris Society est accessible aux visiteurs (les jeudis et samedis de 14h à 17h) mais cette visite ne présente, d’après ce que j’y ai vu, que très peu d’intérêt.

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En revanche, à quelques pas de là, au 7 Hammersmith Terrace donc, celle d’Emery Walker, un typographe et imprimeur de talent, militant socialiste et ami proche de William Morris est une merveille. C’est un témoignage exceptionnel du style Arts and Crafts. Elle regorge de papier-peint, tapis, textiles brodés, rideaux, tentures… et même du linoneum d’époque, oui, oui !

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Emery Walker vécut 25 ans au n°3 d’Hammersmith Terrace (de 1878 à 1903) avant de déménager au n°7 pour les 30 dernières années de sa vie (1903-1933). Walker aménagea donc dans la maison que l’on appelle désormais la Emery Walker’s House 7 ans après la mort de William Morris.

Voisins durant 18 ans, les familles Walker et Morris étaient très proches. Après le décès de William Morris en 1896, May, sa fille, fit cadeau de nombreux effets personnels de son père aux Walker. Ces effets rejoignirent naturellement la nouvelle résidence de la famille en 1903. C’est donc au 7 Hammersmith Terrace que l’on peut désormais admirer meubles, textiles brodés, dessins, tapis tissés à la main par William Morris et même une mèche de ses cheveux et des paires de lunettes.

La maison est par ailleurs remplie d’objets donnés et hérités de toute une communauté artistique gravitant autour du mouvement Arts & Crafts : dessins des peintres préraphaélites Burne-Jones et Dante Gabriel Rossetti, meubles de l’architecte Philip Webb, céramiques de William De Morgan…

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À la mort d’Emery Walker, en 1933, son unique fille continua de vivre dans la maison avec un souci aigu de conservation de ce patrimoine exceptionnel. Quant à son tour elle décéda, la femme, beaucoup plus jeune qu’elle, avec laquelle elle vivait (dame de compagnie au début qui est devenue sa compagne si j’ai bien compris) conserva à son tour tout en état jusqu’à sa mort en 1999. C’est ce qui explique que cette maison a traversé le XXe siècle en conservant son décor du XIXe. Léguée au Emery Walker Trust, la maison se visite depuis 2005. Fermée pour restauration en 2015, elle a ouvert à nouveau fin 2017.

Vous l’aurez compris, la Emery Walker’s House n’est pas une reconstitution historique artificielle mais bien un instantané saisissant du mouvement artistique et artisanal de la fin du XIXe siècle au Royaume-Uni. Autrement dit, un lieu de vie occupé par la même famille pendant presque 100 ans, qui confère à cette maison une atmosphère si particulière et l’émouvante impression que ses habitants viennent à peine de quitter les lieux.

Le Emery Walker Trust y organise des visites guidées (en anglais uniquement). Il faut réserver sa visite en ligne. Les groupes ne sont composés que de 8 personnes maximum et les visites ont lieu les jeudis et samedis uniquement, du 1er mars à la fin novembre.

Bonne nouvelle ! Si vous êtes impatient d’en voir plus et que vous ne prévoyez pas de vous rendre à Londres, vous pouvez faire une visite virtuelle, ici et aussi visionner la courte vidéo ci-dessous !

 

Un conseil si vous y allez : au sortir de la visite, que vous vous rendiez à la Kelmscott House ou non, ne vous privez pas d’une promenade le long de la Tamise et dans l’agréable quartier situé juste derrière.

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Dans un genre radicalement différent, en bonne curieuse de l’urbanisme contemporain et de l’hypermodernité architecturale, je suis aussi allée découvrir le quartier de King’s Cross. Ce quartier moderne est particulièrement pratique à visiter quand on arrive à Londres par l’Eurostar car il se situe à 2 minutes à pied de la gare de Saint-Pancras.

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Entre des immeubles fraichement sortis de terre, de nombreux bâtiments industriels de l’époque victorienne ont été magnifiquement réhabilités. La promenade entre petit canal sinueux et jardins paysagés est très agréable. Les habitations, bureaux, boutiques (en particulier le nouveau QG de Tom Dixon), restaurants et cafés y cohabitent de façon très harmonieuse. On y trouve même une antenne de la célèbre Saint Martin’s School of Art où l’on peut observer discrètement les étudiants travailler à travers les larges baies vitrées de l’école.

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J’ai aussi profité de ce bref séjour à Londres pour aller visiter au Southbank Center la Hayward Gallery, un bâtiment brutaliste tout en béton construit en 1968 par l’architecte Ron Herron.

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L’exposition du moment, Space Shifters (elle se tient jusqu’au 6 janvier) est une grande exposition collective réunissant des sculptures et des installations, dont celles de Richard Wilson et de Felix Gonzalez-Torres, explorant la perception et l’espace.

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Et puis, pour clore en beauté ce bref séjour, je me suis offerte un nouveau petit voyage dans le temps sur Saint James Street chez D.R. Harris, un apothicaire installé dans la rue depuis… 1790 ! Cette rue hyper centrale de Londres, entre Piccadilly et le Saint James Park, l’un des plus charmants parcs de la ville, est pleine de boutiques anciennes (et très luxueuses) plus surannées les unes que les autres !

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Voilà, j’espère que ces conseils de visites vous donneront envie de découvrir un London est peu original. En ce qui me concerne, j’ai déjà une petite liste de nouvelles adresses arty-design à visiter pour notre prochain séjour 😉

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