© Anish Kapoor - Gibbs Farm

© Anish Kapoor – Gibbs Farm

Vous en avez surement entendu parler…

… à peine avait-elle débuté à Versailles en juin dernier que l’expo d’Anish Kapoor était honteusement vandalisée et, malheureusement, ça recommence en septembre… Je ne suis pas allée la voir cet été, et je ne pense pas que j’irai d’ici novembre car je ne raffole pas de Versailles, mais je suis tombée sur les visuels d’une de ses œuvres de 2009 que je trouve magnifique.

© Anish Kapoor - Gibbs Farm

© Anish Kapoor – Gibbs Farm

En dehors de la Monumenta 2011 et de quelques installations croisées durant le Tour du monde, je connais malheureusement mal le travail de Kapoor mais j’aime beaucoup son échelle de travail. Ici, c’est du land art à l’état pur qui prend place dans un paysage somptueux de Nouvelle-Zélande (pour les curieux : des infos sur cette installation ici et ici & nos posts sur la Nouvelle-Zélande sur See the World).

Bref, comme Misc est décidément dans une thématique très arty en cette rentrée, je voulais partager avec vous les belles images de ce projet mais surtout le mail que j’ai reçu le 19 juin dernier via la mailing list de la Galleria Continua (qui représente l’artiste), un texte signé de Kapoor, que je trouve très juste :

Works of art are sometimes a focus for the larger discomforts in society. My ‘Dirty Corner’ at Versailles has such a fate. It has been reviled in the press as the “Queen’s vagina” or the “vagina on the lawn” and has seemingly given offence to certain people of the extreme political right wing in France.

In Art – What you see is not What you get. The verisimilitude of the art object fools us; “this is not a pipe” of Rene Magritte – reminds us that a good work of art receives all interpretations but settles on none.

The vicious voice of the few has commanded too much of the debate and has even drawn in good thinking people. It has now resulted in an act of vandalism to the work. I am left with a question about how I should react. Should the paint that has been thrown all over the sculpture be removed? Or should the paint remain and be part of the work? Does the political violence of the vandalism make Dirty Corner “dirtier”? Does this dirty political act reflect the dirty politics of exclusion, marginalisation, racism, Islamophobia etc. The question I ask of myself is: can I the artist transform this crass act of political vandalism and violence into a public creative aesthetic act? Would this not then be the best revenge?

In asking this question I am aware of the power of art and its ability to offend. Dirty Corner is in some ways itself an act of artistic violence. It attempts to lay bare the tidy surface of Le Notre’s Versailles. It engages in a disruptive conversation with Versailles’s geometric rigidity. It looks under the carpet of Le Notre’s “Tapis Vert” and allows the uncomfortable, even the sexual.

Political violence however is not the same as artistic violence. This political vandalism uses an “art material” (paint) to make actual violence. It could have been a bomb or a hood thrown over someone’s head to kidnap them. Artistic violence is generative, political violence destructive. Artistic violence may scream at the tradition of previous generations. It may violently overturn what was before but in so doing it follows a long tradition of re-generation. It always, however, advances the language of art. Political violence, seeks erasure. Its aim is the removal of the offending idea, person, practice or thing. Simplistic political views are offended by the untidiness of the art object. In this context Art must be seen as obscene and destroyed.

Anish Kapoor
19 June 2015

Suite à la troisième dégradation, le 12 septembre, Anish Kapoor cosignait avec son galeriste Kamel Mennour un nouveau texte :

Anish-Kapoor_Kamel-Mennour

Mercredi 16 septembre, j’actualise ce post par ce nouveau message provenant de la Galleria Continua :

Cette oeuvre de Anish Kapoor est universelle, elle n’a rien à voir avec le Roi, la Reine, Versailles ou la
France. Apprécié en 2011 en Italie, elle le sera aussi dans le monde entier, car cette oeuvre parle de
la lumière, de la naissance, du parcours de la vie, de l’inconnu: le mystère et l’obscurité entourant la
mort. Elle nous indique que nous tous venons de la même terre et que nous devons l’aimer.
Anish Kapoor devient la cible de ceux qui n’aiment pas les différences.
L’art est une force libre !
L’art est détaché du temps, il n’existe pas d’art du passé ou du présent, l’art existe, tout
simplement ! L’histoire de l’art n’est pas de l’art, c’est la mémoire.
L’art est le fruit le plus précieux de toute l’humanité, qui permet à chaque culture, à chaque
homme, à chaque femme, d’exprimer une quantité de sentiments profonds, des millions, des milliards
et d’autres à découvrir, un peu comme toutes les étoiles de l’univers dont on ne connaît pas la fin.
L’art n’a pas de frontières, pas de religion, ni de race, ni de sexe, il n’a pas de perfection, ni de
prétentions, il est une expression de l’humanité et vivra jusqu’à ce que le dernier homme vivra !
Toute violence contre l’art ne fait que le renforcer, elle fait grandir la conscience humaine pour faire
ressortir encore plus que l’art, l’amour et l’amitié sont des besoins fondamentaux et indestructibles,
sans lesquels l’humanité n’existe pas.
On nous a appris à avoir peur de la différence seulement pour créer en nous un besoin : celui d’être
protégés, de quelqu’un, de quelque chose, de façon à ce qu’il soit plus facile d’accepter le contrôle
et, par conséquent, le pouvoir.
En revanche, aimer les différences permet de grandir, de comprendre l’autre pour mieux se comprendre
soi-même et évoluer. Être différents est fondamental. Qui voudrait vivre toute une vie avec la
copie de soi-même ? Parvenez-vous à imaginer un monde d’individus tous identiques ?
Donc : vive toutes les races, vive toutes les religions, vive les différences !
Comme pour les couleurs, c’est grâce à leurs différences et à leur fusion intelligente que nous
pouvons profiter de millions de nuances ; dans le cas contraire, tout serait jaune, rouge et bleu !
Il est possible de s’exprimer, mais toujours en respectant l’autre.
Pourtant, ce concept est clairement exprimé dans toutes les religions : « Ne fais pas aux autres ce
que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ».
Cher Anish, cher ami, nous sommes tous avec toi et avec l’art !
Lorenzo, Mario, Maurizio et toute l’équipe de Galleria Continua

© Anish Kapoor - Gibbs Farm

© Anish Kapoor – Gibbs Farm

Source : Gibbs Farm.