10 retours d’expériences pour une cuisine fonctionnelle et stylée.
Avec ce post, j’inaugure une petite série “Cuisine” pour partager ici mes retours d’expériences suite à la création de la cuisine de notre Dreamhouse. Aujourd’hui, je consigne quelques conseils car j’ai passé beaucoup de temps à faire le tour des cuisinistes, sourcer les matériaux et la déco, choisir tout l’électroménager, dessiner une cuisine la plus ergonomique possible en fonction de nos besoins et contraintes. Et tout cela avec un budget maitrisé et du DIY bien-sûr ! Débutant-e-s en conception de cuisine, ce post est pour vous !
Établir un cahier des charges
Quels sont vos besoins ? Tout doit partir de cette simple question. Avant même de prendre en compte vos contraintes (existant, surface, budget…), il vous faut prendre le temps de vous imaginer dans votre future cuisine en fonction de votre style de vie. La fréquence et la nature de vos courses déterminent vos besoins de stockage par exemple. Si vous êtes souvent absent plusieurs jours de votre domicile, une fonction “vacances” pourra s’avérer utile sur un réfrigérateur-congélateur. Vous voyez l’idée ? À ce stade, il faut passer en revue ces besoins.
Visualiser l’intérieur des placards
Je m’explique. Comment concevoir sa cuisine sans savoir ce que l’on va ranger dedans ? C’est comme acheter une paire de chaussure à l’aveugle sans connaître sa taille. On ne fait pas ça au doigt mouillé. Commencez par évaluer la place dont vous avez besoin pour ranger votre vaisselle, vos couverts, vos verres, vos tasses, vos bols, vos plats de service, vos ustensiles de cuisson, vos robots et machines diverses.
Je vous conseille de tout lister par écrit sous la forme d’un tableau. L’enjeu étant, pour chaque ligne, de quantifier les mètres linéaires dont vous avez besoin pour tout ranger. Faites de même en listant la place dont vous avez besoin pour stocker vos réserves de nourriture, votre linge de table, vos produits ménager d’entretien, vos éponges, vos produits pour lave-vaisselle si vous en avez un, votre papier absorbant et votre papier alu si vous en utilisez encore… toute ces choses que l’on a pas spécialement envie de laisser apparentes, surtout dans une cuisine ouverte.
Simuler grossièrement les volumes
À partir de votre liste quantifiée, ajoutez 20% de mètres linéaires en plus. Vous gagnerez en confort pour le futur sans avoir à entasser les nouvelles choses que vous ne manquerez pas d’acquérir, à fortiori si la famille s’agrandit 😉 Ensuite, choisissez quel type de rangement sera le plus adapté à chaque item de votre liste : placard ? tiroir ? étagère ? vitrine ? Puis continuez à affiner avec les profondeurs des caissons : on ne range pas la même chose dans des placards de 60 cm de profondeur (parfaits pour ranger de gros robots peu sollicités) ou une vitrine de 20 cm de profondeur (comme pour de la verrerie délicate que l’on souhaite exposer) par exemple.
À ce stade, le plus important est fait. In situ, vous pouvez faire une première simulation grossière de l’espace avec des cartons ou du masking tape ! C’est ma méthode car je n’ai pas la visualisation en 3D intuitive ;). Avec le masking tape, je simule au sol l’encombrement des caissons et, aux murs, leur hauteur et les étagères. Je prends en photo les différentes options puis, à tête reposée, je fais mes choix. En général, les photos parlent d’elles-mêmes et l’évidence des volumes s’imposent. Vous pouvez aussi prendre une photo, l’imprimer et représenter au crayon à papier les futurs volumes.
Mimer les gestes
Vous trouvez ça farfelu ? Moi je trouve ça radicalement efficace. Alors, je partais de loin, certes. Oui parce que ce que je ne vous ai pas dit, c’est que je cuisine très peu (le cuistot à la maison, c’est Benji !). Je n’ai aucune affinité particulière avec cette pièce de la maison 😉 Je n’avais aucune excitation ou impatience à me lancer dans le chantier de la cuisine à la Dreamhouse. Je me représentais une montagne bien compliquée à gravir et aucune idée évidente ne me venait spontanément. L’aspect financier contribuait aussi à me paralyser, je l’avoue. Donc, j’ai mimé !
Une fois que je savais que j’allais mettre mes assiettes, mes poêles, mes casseroles et mes réserves alimentaires dans des tiroirs, mes tasses et verres sur des étagères et mes saladiers et plats de service dans des placards bas, il me fallait encore décider des emplacements de tout cela.
J’ai donc décidé de l’emplacement du frigo, des plaques de cuisson, du four, du lave-vaisselle et de l’évier et j’ai fait semblant de cuisiner, laver et servir. Quand on procède ainsi, tout coule de source. Les ustensiles de cuisson se doivent d’être prêts des plaques et du four, les assiettes et couverts prêts de la table à manger et les choses moins sollicitées peuvent êtres placées en périphérie.
De même, imaginez-vous faire la vaisselle. On est d’accord que, même avec un lave-vaisselle, il faut une zone de part et d’autre de l’évier pour poser la vaisselle sale et égoutter la vaisselle propre ? Oui ! Et pourtant, on voit si souvent des réalisations, certes fort esthétiques, mais probablement pas faciles à vivre au quotidien. Ne collez pas non plus vos plaques de cuisson à un mur. Là aussi, imaginez-vous cuisiner. Vous verrez bien que vous aurez besoin de place de part et d’autre, ne serait-ce pour que les manches des poêles et des casseroles ne butent pas contre un mur ou pour poser hors du feu une préparation !
Procéder par itérations
Que vous soyez en rénovation à devoir composer avec un existant ou que vos arrivées d’eau et d’électricité soient immuables, c’est le moment de prendre en compte vos contraintes principales pour les croiser avec vos besoins. Les ouvertures (portes, fenêtres) doivent aussi être considérées à ce stade, de même que les circulations.
Reprenez votre ébauche grossière et commencez à l’affiner. Vous avez en tête tous vos besoins, la quantité, la nature et les proximités des différents éléments. À ce stade, vous pouvez bien sûr faire vos plans sur des logiciels comme SketchUp ou, en ligne, avec des outils comme HomeByMe. Pour ma part, j’ai procédé à l’ancienne avec des feuilles de papiers calque et j’ai trouvé cela très pratique. Sur une feuille de papier millimétré, j’ai dessiné à l’échelle le plan de la pièce et les emplacements de l’évier, du frigo, des plaques et du four puis j’ai procédé par itérations pour les caissons. J’ai ainsi pu tester très facilement plusieurs implantations possibles.
À chaque simulation, je pensais à bien noter les emplacements des prises électriques secondaires. Celles à hauteur du plan de travail, pour brancher éventuels machine à café, robots fixes et autres robots ponctuels (mixeur pour la soupe qui sort du feu par exemple).
Gardez bien à l’esprit la notion d’itérations. Votre plan définitif sera le résultat de plusieurs remises en question. Il faut prendre son temps, laisser décanter ses idées, y revenir après quelques jours… “Good things take time” 😉 .
L’ergonomie avant le style
À l’heure de la conception de votre cuisine, rien ne sert de vous préoccuper trop tôt de la couleur des façades ou de la nature du plan de travail. On se pose pourtant souvent la question du style au tout début du projet, c’est une erreur selon moi. Cela va parasiter votre esprit et vous éloigner de l’essentiel : l’ergonomie.
Dans un premier temps, pensez essentiellement en termes de plan global : caissons, éléments bas et/ou hauts, complexités éventuelles comme des angles à gérer. Même pour les sanitaires et l’électroménager, si vous y pensez trop tôt, vous risquez de ne pas pousser assez loin votre réflexion sur les fonctionnalités.
Je vous passe les notions de triangle d’activité et de distances de sécurité entre zones de cuisson et points d’eau, elles relèvent du bon sens et on les trouve très facilement en ligne. Je préfère vous parler des points qui m’ont le plus questionnés.
Par exemple : la poubelle. Ou plutôt, les poubelles car de nos jours, avec le tri sélectif, les différents bacs occupent une place conséquente dans nos cuisines. Perso, ce fut ma fixette ergonomique. Je voulais qu’elles soient dissimulées, de grandes contenances (les poubelles passent tous les 15 jours chez nous !) et surtout, que nous n’ayons pas à nous casser le dos pour ouvrir un tiroir sous évier par exemple (c’est la solution la plus fréquente de nos jours). Et bien, avec pas moins de 4 poubelles à planquer (compost, verre, papier et tout le reste), j’ai passé beaucoup de temps avant de trouver la solution !
Autre conseil important : pensez bien à vos vides sanitaires. Si vos tuyaux d’eau ne sont pas encastrés dans vos murs, il vous faudra des caissons adaptés (ceux d’IKEA ne le sont pas). Ou alors il vous faudra ruser en vous éloignant du mur d’autant de centimètres nécessaires (à l’aide de tasseaux par exemple sur lesquels vous viendrez accrocher les rails de fixation de vos caissons). Cela aura aussi une incidence sur la profondeur de votre plan de travail (ceux d’IKEA, en version standard seront trop courts).
Passez tout en revue comme cela : un modèle de frigo-congélateur avec congélateur en bas sera beaucoup plus agréable à utiliser pour votre dos au quotidien que l’inverse. De même, un four, positionné en hauteur est plus fonctionnel qu’un four bas, sans parler de la sécurité si il y a des enfants dans le foyer. Les questions d’encastrement du frigo ou de four(s) visible(s) depuis le séjour dans le cadre d’une cuisine ouverte, doivent aussi être prises en compte à ce stade. L’ensemble de ces choix vont commencer à dessiner plus précisément vos besoins en électroménager (je pense au niveau sonore des différents appareils dans le cadre d’une cuisine ouverte par exemple).
Penser global tout en phasant les étapes
C’est le moment où tout va commencer à vraiment prendre forme. Quel type de façades allez-vous choisir ? Quel matériaux pour le plan de travail ? Quel style de crédence ? Quelle palette chromatique générale ? Quel design pour les sanitaires et l’électroménager ? Quelles poignées ? Tout cela est important car, à ce stade, vous avez besoin d’avoir une visibilité précise de votre budget.
Gardez aussi en tête qu’il vous faudra être patient lorsque vous lancerez vos commandes (les choix sont immenses, les items sont rarement immédiatement disponibles en stock), donc plus vous anticiperez, mieux cela sera !
Il vous faut donc penser globalement pour que le résultat soit harmonieux, entre dans votre enveloppe budgétaire et soit disponible à temps sur votre chantier. Petit tips déco (valable aussi en mode) : limitez-vous à 3 couleurs maximum (les bases neutres de blancs, noirs ou gris ne comptent pas). Au delà, c’est plus risqué. Idem avec les matériaux : bois + marbre + mélaminé + laiton + chrome = cacophonie assurée.
Il faut imaginer les rendus tous ensemble mais il est important de procéder par étape, autrement dit : phaser. Par exemple, il me semble plus judicieux de choisir son plan de travail avant son évier et son mitigeur après son évier. En fonction de la couleur de votre plan de travail, un évier blanc, noir ou inox ne rendra pas de la même façon. Par contre, si vous optez pour un timbre d’office, c’est lui qui conditionnera fortement le reste. De même, la volonté d’avoir un évier large et confortable impliquera un caisson sous-évier d’au moins 80 cm de large. Il faudra donc avoir cette vision globale en tête dès le départ sans pour autant immédiatement arrêter (et encore moins acheter) un modèle précis d’évier. À l’inverse, le choix des poignées peut parfaitement se déporter à la fin.
Optimiser finitions et aménagements intérieurs
Les petits détails font souvent la différence. Par exemple, la hauteur des caissons bas déterminera la hauteur des plinthes. Cela peut sembler anecdotique mais tous les cuisinistes ne proposent pas des caissons de 80 cm de haut et des pieds de 8 cm qui, avec un plan de travail en moyenne à 2 cm d’épaisseur, mènent à une hauteur de 90 cm pour la zone de travail. Non, certains commercialisent des caissons moins hauts et des plinthes plus hautes. Résultat, vous avez moins de place disponible pour les rangements et, esthétiquement, c’est une question de goût, mais ce n’est pas forcément très élégant.
Autre détail d’importance : dans le cas de présence de tiroirs, soyez vigilants et optez bien pour des ouvertures à 100 % couplées à des résistances à la charge suffisantes pour pouvoir y ranger de la vaisselle sans problème. Les amortisseurs sur les tiroirs et les portes aussi sont importants pour plus de confort au quotidien, de même que les tapis et séparateurs de tiroirs.
Autre petit détail, qui ne coûte rien sauf beaucoup de patience, ce sont les petits cache-trous pour les caissons à étagères. C’est tout bête mais ça finit bien. De même qu’une protection en aluminium sous-évier, c’est beaucoup plus hygiénique, surtout si c’est là que vous comptez mettre vos poubelles.
Investir dans une pièce forte
Pour le style, rien de mieux qu’une pièce forte ! Cela peut être un luminaire mais la bonne idée selon moi, c’est la crédence. La surface à traiter étant par définition relativement modeste, les contraintes techniques beaucoup plus légères que pour le plan de travail et, surtout, l’offre esthétique pléthorique, c’est l’occasion de se faire vraiment plaisir !
Bien sûr, si vous en avez les moyens, vous pouvez choisir un matériau exceptionnel pour votre plan de travail ou vos façades mais pensez toujours à l’aspect pratique. Le marbre par exemple peut être une vraie plaie en cuisine compte tenu de sa porosité aux taches. Idem pour le bois.
Peaufiner la déco
Dans la déco j’englobe tout ce qui est visible : luminaire, torchons, robots à usage quotidien (même si on est d’accord que ce n’est pas de la déco), dessous de plat, théière, cafetière, petits ustensiles… Il faut prévoir un budget et du temps pour sourcer tout cela sinon on se retrouve à acheter n’importe quoi, souvent en plastique moche et de mauvaise qualité.
Moi je suis pour faire de la cuisine une pièce déco à part entière. À fortiori si elle est ouverte sur le séjour. Une fois que l’on s’est bien cassé la tête à la concevoir la plus fonctionnelle possible, on peut enfin relâcher la pression des contraintes et se faire plaisir, en chinant de beaux tableaux par exemple 🙂
J’espère que ce premier post de ma série “Cuisine” vous aura intéressé. Je vous donne rendez-vous les prochaines fois avec un post dédié aux petits budgets (agrémenté de bonnes adresses), l’avant-après de notre cuisine et les choix qui ont guidé notre rénovation.
Tous les visuels d’illustration de ce post sont tirés du catalogue du cuisiniste danois Kvik, un cuisiniste pas aussi bon marché qu’il le prétend mais très fort coté design.