© Cécile Guarino-Scailliérez pour Misc

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Un casse-tête quand il s’agit de rénovation…

Après vous avoir parlé de plomberie, Benjamin débriefe sur le chantier DIY qui nous a pris le plus de temps à mener à bien. Pour mémoire, la dreamhouse n’était quasiment pas isolée. Ou, plus exactement, une partie de sa toiture l’était mais l’isolation n’était plus efficace (avec le temps, la laine de verre se tasse) et de charmantes petites bêtes en tout genre y avaient trouvé refuge au fils des ans… loirs des greniers, serpents, oiseaux, écureuils et autres rongeurs, on a trouvé de tout !

Il y avait donc tout à faire. Restait à choisir comment phaser un tel chantier pour nous qui n’avions aucune idée des process et de la façon dont tout cela devait s’imbriquer avec le reste (plomberie, électricité…).

Au premier abord, tout semble simple avec l’isolation. Il suffit d’écouter les publicités des différents fournisseurs pour le croire. Pourtant c’est un vrai sac de nœuds. Pourquoi ? Parce qu’il y a autant de cas particuliers qu’il y a de maisons ! Or la plupart de la documentation et des réglementations disponibles sont faites pour le neuf ou le récent. C’est super simple quand vous construisez votre maison. Par exemple : vous utilisez des parpaings (en béton donc), soit un matériau unique et connu. À partir de là, les choix sont faciles car bien documentés. En revanche en rénovation vous avez toutes les chances d’avoir comme point de départ un cocktail de matériaux : pierres, chaux, enduit béton, briques. Et ça, vous ne le savez pas forcément dès le départ. C’est souvent en la “décortiquant” qu’une maison révèle ses secrets.

Dans notre cas, nous avons un “magnifique” enduit béton sur la moitié des façades de la dreamhouse. C’était la mode à un moment. Le problème de ce type d’enduit, c’est que ça ne laisse pas passer l’humidité. Dans un sens, c’est formidable que les intempéries restent dehors mais ça ne laisse pas sortir non plus les vapeurs d’eau ou l’humidité provenant des remontées capillaires venant du sol. Dans ce cas, soit elle sort… à l’intérieur de la maison, soit elle sort… en craquant l’enduit ! Dans les deux cas, ce n’est pas spécialement une bonne nouvelle !

Face à tout ça, on comprend que ça va être compliqué alors on commence à se renseigner mais… c’est un peu le désert. Il faut donc comprendre globalement comment fonctionne l’isolation pour ne pas partir vers des solutions inadaptées ou trop couteuses. Et là, il faut garder un point important en tête : le poids des lobbys et du marché ! La laine de verre est plébiscitée et pourtant ce n’est pas le mieux. Vouloir autre chose implique obligatoirement un surcoût en argent mais aussi en temps de mise en œuvre. Notre conclusion n’aide pas : aucun consensus n’existe à ce jour. Certains ne jurent que par l’isolation à base de chaux/chanvre, d’autres par l’isolation extérieure.

Isolation des plafonds : on fixe aux solives les suspentes qui permettent d’accrocher les rails, puis on pose la laine de verre par le dessus à l’étage :

© Cécile Guarino-Scailliérez pour Misc

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En bref, pour s’y retrouver, les principales caractéristiques d’un isolant à prendre en compte sont les suivantes :

  • pouvoir d’isolation
  • capacité à laisser passer la vapeur d’eau (par exemple le polystyrène est étanche)
  • capacité à stocker la vapeur d’eau (la laine de verre laisse passer la vapeur d’eau mais n’est pas capable de la stocker, comme le ferait une éponge, pour la restituer plus tard ; la laine de bois est perméable à la vapeur d’eau et est capable de la stocker, cette caractéristique est importante car elle limite les pics de vapeur d’eau)
  • déphasage thermique (capacité à ne pas laisser entrer la chaleur en été)
  • format : rouleau ou panneau cela change la façon de poser et surtout il faut bien prendre les bons conditionnements pour éviter l’altération dans le temps. Il faut aussi faire attention avec le combo format/densité. Avec la laine de verre, pas de gros souci pour passer les câbles et les autres tuyaux, elle supporte bien la compression. En revanche avec de la laine de bois dense, c’est une autre paire de manche, il faut prévoir une marge pour passer les câbles
  • facilité de pose : ce n’est pas un mythe la laine de verre ça irrite, ça gratte, c’est vraiment très pénible
  • énergie grise (l’énergie nécessaire à la fabrication du matériaux) : par exemple le polystyrène étant un dérivé du pétrole, on préfère éviter contrairement à la laine de mouton qui elle est théoriquement vertueuse

Isolation des plafonds : après avoir fait passer les gaines électriques, on fixe les plaques de BA13 :

© Cécile Guarino-Scailliérez pour Misc

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La toiture :

Pour la toiture, nous avons mis le déphasage thermique au centre de notre cahier des charges. Souvent, l’isolation se limite à garder la chaleur en l’hiver, mais une bonne isolation doit aussi limiter la surchauffe en été (surtout quand on a des combles habités). Il est conseillé d’avoir un déphasage d’au moins 10h. Avec la laine de verre, on l’obtient via une épaisseur de 50 cm contre seulement 20 avec la laine de bois sur laquelle notre choix s’est porté. Deux produit sont ressortis : l’Isonat 55 flex et le Steico Flex.

Comme nous avons une veille toiture en ardoises, et pas d’écran sous toiture, nous devrons créer une lame d’air entre les ardoises et l’isolation pour permettre une bonne ventilation. Nous aurons donc 6 cm de laine de bois entre les chevrons, puis 16 cm pour arriver à la panne. Nous finaliserons avec un frein vapeur [note de Cécile : heu… on peut vous donner encore plus de détail si vous voulez, n’est-ce pas Benji 😉 ?]. On ne peut pas encore vous faire de retour d’expérience complet parce que c’est un chantier qui est prévu pour dans quelques mois. On en reparlera donc.

Le sol :

Ça va être rapide car on a fait le choix de ne prévoir aucune isolation au sol. On y a bien pensé mais ça impliquait de sacrifier “mes” carreaux de ciment et il n’en n’était pas question 😉 !

Les murs :

Retour aux choses sérieuses ! Notre maison des années 1900 n’a pas de vraies fondations (peu en ont dans la région) et est sujette aux remontées capillaires (l’humidité du sol remonte dans les murs). Tous les murs extérieurs sont en pierres, certains sont recouverts d’un enduit à base de chaux, d’autres d’un enduit béton et, globalement, ils sont sains.

Dans notre cahier des charges, il y avait :

  • réduire au maximum la perte d’espace liée à l’ajout d’une couche d’isolation (10 cm maximum)
  • garder l’inertie thermique des murs en pierres
  • gérer au mieux l’humidité
  • uniformiser le rendu
  • choisir une mise en œuvre accessible à des novices (pas trop galère à mettre en place donc)

L’idéal aurait été de faire un complément d’isolation à base de chaux-chanvre. C’est respirant, donc ça limite l’impact de l’enduit béton et ça conserve l’inertie des murs. Néanmoins, c’est long et assez fastidieux à mettre en œuvre (on avait testé dans le garage-atelier), de plus le rendu uniforme ne peut être garanti. On est donc parti sur un classique doublage en placo BA13 (avec un système Stil).

Pour l’isolant, 3 types de produits sont ressortis :

  • laine de verre : classique et économique mais malheureusement pas top ni pour l’humidité, ni pour l’inertie thermique, ni pour l’écologie
  • laine de roche : un poil meilleure que la laine de verre pour l’acoustique, mais ce n’était pas un critère pour nous (ah les joies du calme à la campagne !) par contre utile pour les zones “feu”
  • laine de bois : le plus vertueux des trois mais aussi de loin le plus cher

Au final, nous avons choisi la laine de verre et avons créé une lame d’air de 2 cm entre le mur et l’isolant pour gérer l’humidité (sans pare-vapeur). L’avenir nous dira si nous avons fait le bon choix :). On a utilisé de la laine de roche autour du poêle à bois et on a renoncé à la laine de bois qui aurait nécessité plus d’espace pour passer les câbles et les tuyaux.

Petite note additive : si vous plaquez vos murs au BA13, pensez bien à conserver un plan indiquant tous les passages de canalisation. Dans quelques années, vous aurez sans doute oublié qu’à cet endroit précis où vous vous apprêtez à percer le mur il y a une arrivée d’eau ! De même, n’oubliez pas de fixer des planches de bois derrière le placo à tous les endroits où vous savez que vous aurez besoin de fixer au mur des éléments lourds comme des éléments hauts de cuisine par exemple.

Isolation des murs dans la pièce à vivre (rails, laine de verre, gaines électriques et placo) :

© Cécile Guarino-Scailliérez pour Misc

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Isolation des murs dans la chambre (rails, laine de verre, gaines électriques et placo) :

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Pour celles et ceux qui se demanderaient pourquoi les murs sont de toutes les couleurs : le placo blanc est le placo “normal”, le rose le placo feu (zone de poêle à bois, zone de cuisson dans la cuisine…), le bleu le placo hydro (salle de bain, évier dans la cuisine…) et le gris le placo phonique (plafond de notre chambre).

Dernier point à ce looooong post, la VMC  (Ventilation Mécanique Contrôlée) :

Le renouvellement d’air est indispensable dans une maison. Il permet d’évacuer l’air vicié et la vapeur d’eau. L’activité humaine (cuisine, sdb…) peut générer plus de 10 litres de vapeur d’eau par jour, ce point n’est donc pas à négliger. Nous avons choisi une VMC simple flux. La double flux n’était pas adaptée dans le cas de notre rénovation car il aurait fallu installer de nombreuses gaines. L’hydro-réglable semblait, d’après les avis, un peu bruyante… et nous n’aimons pas le bruit. La simple flux était la moins chère, ça a aussi joué. Le gros défaut de la simple flux reste par contre la perte de chaleur (l’air frais vient directement de l’extérieur, il y a donc un point d’entrée froid).

Allez, si vous êtes arrivé(e) jusqu’ici, rendez-vous la prochaine fois pour le troisième post de la série méthodologie dans lequel il sera question d’électricité !